top of page
Vaches Angus bio

Un peu plus loin, dans les prés bordés de haies, un petit troupeau de vaches noires paisse paisiblement. Depuis trois ans, Eric a décidé de  diversifier sa production en élevant des vaches Angus.  La conduite de l’élevage de ces bovins obéit à la même philosophie que celle des porcs : laisser faire la nature autant que possible. Originaire de la région des comtés d’Aberdeenshire et d’Angus en Ecosse, cette race ancienne, officiellement reconnue en 1835,  s’adapte parfaitement au bocage finistérien et à ses herbages. Grâce à la petite taille des veaux et à l’instinct maternel très développé chez l’Angus, le vélage se fait facilement. Naturellement sans cornes, les vaches angus sont douées d’un caractère sociable. « Toutefois le  taureau, Corentin, peut se montrer agressif si on s’approche de sa progéniture » remarque Eric qui a appris à s’en méfier après que l’animal l’ait chargé deux fois.

Précoce, l’Angus est une race de petit gabarit. Rien à voir avec les charolaises et autres blondes d’Aquitaine issues de la génétique moderne, dont la forte croissance musculaire nécessite une alimentation (maïs, ray- grass, trèfle, soja) qui coûte cher et pollue la planète. Ce n’est pas le cas de l’Angus : Rustique, il fait ses délices des simples pâturages dont la flore variée donne à sa  viande une saveur fine et persillée. « A l’avenir, la population mangera moins de viande mais mieux » prédit Eric Roussel.

Bio avant l’heure, Eric a dû batailler pendant des années avant de parvenir à un équilibre financier pour son exploitation, essentiellement grâce à une clientèle fidèle qui accepte de payer un peu plus cher des produits de qualité. Sa persévérance lui a donné raison. Alors que la filière porcine est en pleine déconfiture, lui, réussit à tirer son épingle du jeu. Car les temps ont changé.  La vogue des circuits courts, et la nostalgie d’une nature « naturelle » ont suscité de nouvelles demandes de la part des consommateurs. Aujourd’hui, la partie semble gagnée. Maxime, le fils d’Eric, travaille à ses côtés  et devrait reprendre le flambeau après le départ à la retraite de son père.

Eric Roussel, Producteur éleveur bio
Pour ce fermier atypique, l’élevage extensif a toujours été une évidence, car c’est, selon lui,  la seule façon d’assurer aux animaux, bien-être et santé. « Un vétérinaire m’a dit un jour : si tous les éleveurs faisaient comme vous, je serais au chômage ! » plaisante l’homme au regard malicieux.  Autre avantage de la vie au grand air : elle permet aux cochons de se faire de beaux jambons.  A la ferme de Kérautret, les cochons  bénéficient d’une durée d’élevage deux fois plus longue que celle de leurs cousins industriels. « L’animal fait du gras, c’est ce qui donne une viande goûteuse et persillée » remarque Eric qui commercialise lui-même sa production, sous forme de viande ou de charcuterie faite « maison ».  Rendez-vous sur les marchés des environs ou dans le magasin (ouvert le vendredi après-midi)  qu’il a installé dans un vieux corps de ferme.

L’occasion pour ses clients de faire un tour sur l’exploitation et de constater de visu que le bonheur est dans le pré ! Car il n’est pas rare, qu’au détour d’une allée, une bande de porcelets en vadrouille accueille les visiteurs avec force piaillements.  « Les gorets passent sans difficulté sous le fil électrique qui délimite leur enclos et n’hésitent pas à s’éloigner de leur mère, pour partir à l’aventure » remarque le fermier. Lâchés dans la nature, ils retrouvent leur comportement instinctif, farfouillent dans les taillis ou se roulent voluptueusement dans la boue. 

Tous ont pour père Momo,  le verrat.  L’imposant animal règne sur un harem de 16 femelles. La  saillie des truies se fait naturellement, contrairement à la plupart des porcheries qui recourent aux inséminations artificielles. Mais foin de jalousie, Momo fait son devoir, sans aucun favoritisme, dès qu’une truie est en chaleur.  A raison de deux portées par an, trois cents porcelets naissent ainsi chaque année sur l’exploitation. Après la mise-bas, chaque mère est logée dans une yourte avec sa portée de porcelets. La petite famille y est bien au chaud, à l’abri de l’humidité et des courants d’air. Et le spectacle des gorets se disputant les mamelles (la truie a 14 tétines), au risque de se faire écraser, n’est pas sans évoquer une mêlée de rugby…

Lorsqu’ils ont passé l’âge de téter, les cochons sont nourris avec les céréales (blé, maïs, pois protéagineux, féveroles) cultivées sur place. « Seul apport extérieur : le  lin extrudé qui complète la ration afin d’enrichir la viande en acides gras omega 3  un acide gras essentiel,  réputé dans la prévention des maladies cardio-vasculaires et qui  donne un bon goût à la viande », explique Eric.

bottom of page